Copain du Monde

« Copain du Monde » : pour Elfie, la solidarité n’a pas de frontières

Mis à jour le par Olivier Vilain
Elfie participe à la distribution de colis auprès de personnes sans logis à Toulouse @DR / FR

Près de Toulouse, le club « Copain du Monde » se mobilise pour aider des enfants qui souffrent de famine dans le sud de Madagascar. L’une de ses membres, Elfie, 12 ans, explique pourquoi elle s’est investie dans cette action et dans le club.

Elfie est une adolescente de 12 ans qui ne manque aucune réunion du club « Copain du Monde » de Fenouillet, près de Toulouse. « Nous réunissons une dizaine d’enfants une fois par mois et Elfie est très assidue », relève MartheGarcia, qui anime avec eux le club. « Nous nous réunissons tous les premiers samedis du mois, sauf pendant les vacances scolaires, et on se voit en plus pour mener les actions de solidarité que nous avons décidées », explique Elfie pour qui la solidarité, c’est « aider les gens qui en ont besoin et mobiliser les autres pour leur venir en aide ».  Son assiduité, la jeune fille l’explique par « l’envie d’y mettre le plus de moi possible parce ce qu’on fait avec ‘‘Copain du Monde’’ m’apparait important. »

Ces réunions se déroulent selon un schéma bien rodé : au début, Marthe revient sur ce qui est arrivé depuis la dernière rencontre des enfants et fait le point sur le calendrier à venir, « si on est invités quelque part pour un projet », dans une école par exemple. « Il y a un côté amusant à se retrouver », raconte Elfie, qui croise aussi ses amis « Copain du Monde » dans son quartier, en classe et à l’orchestre de son collège. « J’en vois la plupart au collège, ou parce que nos parents se connaissent, ou parce que je joue de l’accordéon et un autre ‘‘Copain du Monde’’ joue de la clarinette. »

Contre la famine qui frappe Madagascar

Dernièrement, ce qui occupe ces enfants est le projet « Kéré » ; en malgache, ça veut dire « famine ». Depuis plusieurs années, le sud de Madagascar connait une forte sécheresse, qui a entraîné la première famine provoquée par le dérèglement climatique, selon les Nations unies. « Après nous avoir expliqué qu’il n’avait pas plu depuis 4 ans, Marthe nous a demandé si nous avions des idées pour aider les enfants qui vivent dans cette région du monde. » Les enfants ont décidé de financer l’achat de compléments alimentaires, à base de pâte d’arachide, pour 40 enfants pendant un an.

Le complément alimentaire sera acheté sur place par l’association « Les Enfants de Madagascar », partenaire du Secours populaire de Fenouillet depuis des années. L’argent, 611 euros, a été collecté lors du marché de Noël et d’une tombola. Cette pâte d’arachide, riche en protéines et en lipides de qualité, permettra d’apporter des nutriments dont les enfants vivant dans une zone rurale très pauvre ne disposent pas dans leur bol alimentaire. « Ça entre très bien dans notre orientation de travailler sur le bien-être et la santé. C’est typiquement pour aider des gens dans cette situation que je viens au club. »

Elfie a appris que Madagascar est « une grande île au sud de l’Afrique ». Elle a « vu des photos » car leur partenaire leur en envoie « très régulièrement » pour montrer aux enfants la concrétisation des projets du club de Fenouillet. « Nous avions envoyé des outils de jardinage, à la demande de notre partenaire, pour que les enfants puissent créer des potagers à proximité de leurs écoles. Quand on a reçu les photos des enfants avec les outils, j’étais fière. »

Les parents d’Elfie, Simon et Anne, sont tous les deux informaticiens. Grâce à cette stabilité socio-économique, elle estime ne pas avoir « vraiment de problème dans la vie » ; elle ne rencontre pas de difficulté dans sa scolarité et est entourée d’amis. « J’ai tout ce qu’il faut », tout comme ses deux sœurs Tosca et Lili, à en croire la petite adolescente qui décrit son engagement comme la nécessité de ne pas « faire l’autruche ». « Chaque vie est précieuse, que ce soient les gens que je croise ici, comme ceux que je ne connais pas, comme à Madagascar. Pour moi, la solidarité n’a pas de frontières. »

« J’avais envie d’aller au club car des gens ont besoin d’aide. »

Elfie et ses amis déploient leur solidarité à l’étranger mais la conçoivent comme quelque chose de global et d’indivisible. « L’année dernière, nous avons préparé des paquets-cadeaux pour des personnes vivant dans les rues de Toulouse. Nous y avions mis des produits d’hygiène, des couvertures. » Les enfants les ont distribués eux-mêmes. « Les personnes à la rue ont bien aimé ce qu’on leur apportait. Je trouve que ces gens ne sont pas assez aidés. Même si l’impact de mes actions peut être faible, rapporté à la masse de situations de pauvreté, je fais en sorte que mon impact soit le plus fort possible. »

Le club « Copain du Monde », Elfie y est entrée il y a de cela 4 ans, grâce à sa grande sœur, Tosca, qui a désormais 18 ans. Leur père avait fait la connaissance de Marthe via la FCPE, l’association des parents d’élèves dont il est membre, et qui localement était associée au Secours populaire. « C’est comme ça que nous avons entendu parler pour la première fois de ‘‘Copain du Monde’’. » Elle se souvient de ce que Marthe leur a raconté la fable du colibri. Confronté à l’incendie qui détruit sa forêt, le petit oiseau décide de faire ce qu’il peut pour l’éteindre : il ne peut prendre dans son bec qu’une seule goutte à la fois. Il multiplie les allers/retours et finalement il réussit parce que de nombreux animaux l’ont vu en action et ont suivi son exemple. « J’avais envie d’aller au club parce que des gens ont besoin d’aide. »

Dans un an, elle participera au congrès du Secours populaire. Elle n’a pas pu faire partie de la délégation lors du précédent, qui s’est tenu l’année dernière à Strasbourg. Les enfants qui y vont ont autour de 14 ans.  « J’ai envie d’expliquer ce que l’on fait. Une autre manière d’aider est de rencontrer des gens et de les inciter, eux aussi, à s’engager. » Elfie n’a pas fini de faire le colibri.