Pauvreté et précarité : une année de plus marquée par l’aggravation des inégalités

L’année 2024 a été marquée par de nombreuses difficultés économiques et sociales : recul des services publics, inflation des prix des biens de première nécessité, augmentation des coûts de l’énergie…
Ces problématiques se sont évidemment traduites par une aggravation de la pauvreté et de la précarisation de nombreuses personnes. Dans le Haut-Rhin, le Secours populaire a ainsi aidé 9 557 personnes, soit un chiffre en hausse de 7% par rapport à 2023.
Un état des lieux préoccupant
Chaque année depuis 2007, le Baromètre de la pauvreté et de la précarité, mené par l’IPSOS et le Secours populaire, livre un état des lieux des difficultés, des privations et de la vulnérabilité sociale des Français·es.
Cette année, les chiffres du Baromètre de la pauvreté confirment encore qu’un nombre important de personnes éprouvent des difficultés à accéder aux produits ou services de base, mais également aux loisirs, à la culture, au sport et aux vacances.
Cette dix-neuvième édition du Baromètre intervient dans un contexte d’une fragilité qui s’étend parmi les couches de la population. Il donne un aperçu de l’impact de la pauvreté et de la précarité pour les plus de 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté et des 2 autres millions de personnes confrontées à des privations sévères, tout en ayant des revenus supérieurs au seuil de pauvreté.

En France, une précarité toujours plus ancrée
Signe que la précarité se diffuse dans la société et s’enracine dans le quotidien, près de trois Français·es sur cinq (57%) connaissent un proche vivant dans une situation de pauvreté. Selon l’Insee, la pauvreté touche particulièrement les femmes élevant seules leurs enfants ainsi que les personnes sans emploi.
Dans ces conditions, il est compréhensible que les Français·es restent inquiet·e·s : un tiers d’entre elleux estime qu’il existe un risque « important », voire « très important » de basculer dans la précarité « dans les prochains mois ». Cette inquiétude s’explique par la peur de ne pas disposer de ressources suffisantes pour affronter un imprévu, qu’il s’agisse d’une hausse des prix du carburant ou de la nécessité d’aider un proche en difficulté.
Des répercussions évidentes sur la santé mentale des Français·es
Cette insécurité économique pèse lourdement sur la santé psychologique d’une grande partie de la population. Celle-ci vit au jour le jour avec l’angoisse de ce que peuvent apporter les lendemains incertains. La santé mentale des Français·es se dégrade parmi les personnes ayant du mal à boucler leur budget : 74 % se disent « tristes, déprimées ou désespérées ». C’est 2 % de plus que par rapport à 2023.
La précarité affecte particulièrement les jeunes de moins de 35 ans, avec des indicateurs nettement plus élevés qu’en 2010 : 50% d’entre elleux se disent mécontent·e·s de leur niveau de vie (contre 33% en 2010).
Cette génération est marquée par une forte inquiétude sur son présent ainsi que son futur : 50% ressentent un fort sentiment d’angoisse et plus d’un·e jeune sur cinq se sent désespéré·e. Par ailleurs, les difficultés d’accès à une alimentation équilibrée (48 % contre 29 % en 2010) et aux loisirs ou activités culturelles (56 % contre 44 % en 2010) renforcent ce malaise.
La précarité étudiante, un révélateur inquiétant
Les conditions restent largement précaires pour les étudiant·e·s. En France, un·e étudiant·e sur trois (34 %) doit travailler en parallèle de ses études, un cumul qui compromet souvent leurs chances de réussite aux examens. En élargissant aux étudiant·e·s en recherche d’emploi, ce sont 60 % des jeunes en études supérieures qui sont contraint·e·s de travailler ou de chercher un emploi pour subvenir à leurs besoins durant leurs formations.

Une jeunesse fragilisée mais engagée
Devant ce constat difficile, on observe une note d’espoir dans la capacité d’engagement des jeunes. Nombreux sont les jeunes qui s’engagent, font des dons ou se disent prêt·e·s à s’engager dans des associations de solidarité ou dans d’autres structures. Leurs priorités témoignent d’une conscience sociale et environnementale forte : protection de l’enfance ou encore défense des animaux, ce qui témoigne d’une jeunesse à la fois engagée mais aussi alerte sur les enjeux de notre société.
Sources :
- Vilain, O. (9 septembre 2025). Focus Ipsos/SPF 2025: pour les jeunes Français, l’épreuve de la précarité. Association Nationale. https://www.secourspopulaire.fr/focus-ipsos-spf-2025-pour-les-jeunes-francais-lepreuve-de-la-precarite/
- Vilain, O. (8 octobre 2025). Baromètre Ipsos/SPF 2025: des millions de Français dans la crainte du lendemain. Association Nationale. https://www.secourspopulaire.fr/barometre-ipsos-spf-2025-des-millions-de-francais-dans-la-crainte-du-lendemain/
- Mercier, E., Latrille, P., & Tentillier, F. (27 août 2025). Baromètre de la pauvreté Ipsos / Secours populaire : 40% des Français ont déjà connu une situation de pauvreté. Ipsos. https://www.ipsos.com/fr-fr/barometre-de-la-pauvrete-ipsos-secours-populaire-40-pourcent-des-francais-ont-deja-connu-une-situation-de-pauvrete
Article rédigé par Jordane Saintigny