A Saint-Jean-de-la-Ruelle, le sport libère le corps et l’esprit des femmes

Mis à jour le

Depuis juin 2023, une quinzaine de femmes aidées par le Secours populaire du Loiret bénéficient de cours de yoga et de gymnastique douce une fois par semaine. Initiés par Liliane, bénévole à l’antenne, et financés par le CROS (Comité régional olympique et sportif), ces rendez-vous sont attendus et appréciés de toutes. Aïcha, Marie, Nadine, Khera, Jocelyne… sont heureuses de s’y retrouver et de mettre leur quotidien entre parenthèses.

Ce jour-là, c’est Valérie qui accueille les participantes au cours de yoga. Mais avant que la séance ne démarre, elle se fait aider des premières arrivées au cours pour préparer la salle. En effet, ceux-ci ont lieu dans la grande salle de l’antenne qu’il faut à chaque fois dégager de ses portants et tables chargés de vêtements. Ensuite, les tapis sont disposés en étoile afin que chacune puisse être à l’aise. Une à une, les participantes arrivent, quasiment toutes déjà en tenue pour ne pas perdre de temps, ni au départ ni à la fin du cours. Seule Marie se prépare dans un coin, loin des regards. Une fois tout le monde installé, les consignes sont données. « Fixez un point sur le sol, cela vous aidera à garder l’équilibre. » « On laisse tomber la tête vers le bas, on garde le dos rond, on lâche les épaule, on fléchit les jambes pour protéger son dos. » Comme l’explique Valérie, « le yoga est la pratique d’un ensemble de postures et d’exercices de respiration qui vise à apporter un bien-être physique et mental ». C’est pourquoi de nombreux exercices concernent la respiration et l’expiration lors des séances.

Mouna, la plus dissipée du groupe, est aussi une des plus jeunes. Sa motivation : retrouver la forme après la naissance de son bébé tout juste âgé de 6 mois. « Au début, je venais même avec ma fille car je n’avais personne pour la garder. Cela n’était pas facile, mais on ne m’a jamais fait de remarques désagréables. Ici, l’ambiance est bonne et l’on se sent bien. » C’est unanimes que les neuf participantes du jour affirment que venir une fois par semaine faire du sport fait un bien fou. Avec des motivations diverses, toutes reconnaissent les bienfaits des séances, que ce soit celles de yoga avec Valérie ou de gymnastique avec Pauline. Aïcha, âgée de 70 ans, apprécie ce temps rien que pour elle, une fois par semaine, tandis que Marie enchaîne cinq séances de sport en cinq jours. « Je suis inscrite dans plusieurs salles, notamment avec la maison de quartier. » En retraite dans quelques mois, elle anticipe le temps libre dont elle va disposer. « Cela m’occupe de faire des activités physiques et puis j’ai beaucoup de diabète et mon médecin m’a conseillé de faire du sport ; alors je me suis inscrite à plusieurs séances. C’est bon pour ma santé et pour mon moral. » Comme elle, la santé et le bien-être sont les deux principales raisons de pratiquer un sport ou une activité physique, avec 70 % des pratiquants qui l’expriment et cela quel que soit le territoire.* Quant à Nadine, elle aime être ici car elle y retrouve du monde et se sent toujours mieux après la séance. Bénévole depuis quelques années, elle est aussi aidée par le Secours populaire.

On se sent mieux après les séances

Après la respiration, la seconde partie du cours est consacrée aux exercices au sol qui font appel à plus de relaxation et de « lâcher prise », comme l’explique Valérie. Allongées sur les tapis, les bras le long du corps, toutes ferment les yeux et se détendent au maximum. Pour cela, Valérie éteint les lumières et c’est dans la pénombre que Marie finit même par s’endormir. Ainsi, durant une heure, elles se toutes déconnectées de leur quotidien et ont pu s’occuper d’elles, de leurs corps et se libérer l’esprit. Une fois le cours terminé, quand on les interroge, c’est l’enthousiasme qui domine. Khera, avant de venir au cours du jeudi avec le Secours populaire, se rendait dans une autre salle de quartier et était gênée par le regard des autres qui la mettait mal à l’aise « Nous étions très nombreuses et puis le prof était un homme ce qui ne permettait d’être complètement détendue. Je m’interdisais certaines postures ». Ici, elle avoue se sentir plus à l’aise, un peu comme en famille ou avec des copines. Pour d’autres, le fait que les cours soient gratuits est une des raisons de leurs choix, car souvent s’inscrire dans un club coûte cher. Selon l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire), un des freins identifiés pour la non pratique d’une activité sportive est l’argent ; même si le manque de goût pour le sport est le premier frein, arrivent en troisième position les coûts trop élevés (24 %)**.

En deuxième partie de cours, les participantes sont invitées à se mettre sur les tapis.©Jean-Marie Rayapen/SPF

La détermination de Liliane, bénévole à l’antenne, est à l’origine de cette activité. Quand elle est arrivée au sein de l’antenne, elle ne voulait surtout pas faire d’aide alimentaire ou vestimentaire. Son projet était d’organiser des activités destinées à faire sortir les femmes de leur routine. Pour y parvenir, elle a commencé par faire un questionnaire qu’elle a fait remplir à toutes les personnes qu’elle croisait lors des permanences. Et même si les premiers retours n’allaient pas dans ce sens, sa persévérance lui a permis d’organiser une première balade aux alentours de l’antenne. Avec humour, elle se souvient de cette première sortie. « Il m’a fallu beaucoup insister. Et puis, après avoir marché à peine 100 mètres, elles se sont assises sur un banc. Fatiguées par manque d’exercice. Motivée, je n’ai pas abandonné, même si parfois nous n’étions que trois à sortir ou à faire de la gym dans la salle. » Stoppés par le Covid, les ateliers sport ont finalement repris il y a dix mois de cela, notamment grâce au soutien du CROS (Comité régional olympique et sportif) de la région Centre-Val-de Loire qui a obtenu des financements du Pacte des Solidarités pour dédommager les professionnelles qui interviennent toutes les semaines. Comme l’explique Nicolas Gourmaud du CROS, « notre objectif est de favoriser le développement de la pratique sportive pour tous, notamment pour les publics en situation d’exclusion. Nous avons beaucoup de projets avec différents acteurs du monde associatif, dont le Secours populaire qui mène des actions pour l’accès au sport. Nous profitons de la dynamique des Jeux olympiques et paralympiques pour développer des partenariats ».

Rendre le sport accessible au plus grand nombre

Cette volonté de rendre accessible le sport aux personnes en situation de précarité est portée depuis plusieurs années par le Secours populaire ; en 2022, ce sont 64 000 personnes qui ont été aidées par l’association pour l’accès au sport *** sur l’ensemble du territoire. Cette volonté est aussi relayée au sein de la fédération du Loiret, comme l’explique Nicolas Jaffré son directeur. « Nous menons tout au long de l’année des actions de promotion et de développement autour du sport. Nous aidons les familles dont les enfants veulent pratiquer une activité sportive en finançant les licences, nous avons un partenariat avec la Ligue nationale de basket notamment pour Noël, nous organisons avec le comité de la Chapelle Saint-Mesmin la randonnée des Perce-Neige depuis de nombreuses années. Nous essayons à chaque fois que cela est possible de répondre aux besoins des familles. »

Avec les Jeux olympiques et paralympiques qui approchent, d’autres projets sont en préparation avec les bénévoles de la fédération, notamment un grand rendez-vous sportif le 10 juillet prochain, jour du passage de la flamme dans le département du Loiret. En effet, le Secours populaire souhaite inviter plusieurs centaines de personnes à Sully-sur-Loire et leur faire découvrir de nombreux sports. Manifestation qui sera aussi suivie d’une visite du château.

*Etude de l’INSEE de 2022 – Loisirs des villes, loisirs des champs : les territoires et caractéristiques sociales des personnes influent sur leurs loisirs sportifs et culturels

** Etude de l’INJEP : les chiffres-clé du sport 2023

*** Chiffres de la solidarité, SPF 2023.

Soutenez nos actions d’accès au sport