Vitrine d’avril de l’antenne de Gap

Texte tiré du blog de lenuki
https://lenuki69.over-blog.fr/article-le-respect-introduction-et-texte-de-kant-96623649.html
Le respect (introduction et texte de Kant)
Lorsque j’enseignais encore (c’est tout récent) il m’arrivait de traverser la cour du lycée pour aller dispenser mon cours dans une des salles de l’internat. Ma concentration était alors parasitée et dérangée par de singuliers noms d’oiseau que s’envoyaient les élèves, sans sourciller et avec le sérieux qui peut les caractériser.
Aussi les interrogeais-je sur cette surprenante pratique et sur le respect dont elle pouvait témoigner les uns à l’égard des autres. Quelle n’était pas alors ma surprise lorsqu’on me répondait que tout ceci était bon enfant, amical, preuve de considération et de sympathie… ! Bref, un gage d’amitié.
Cela n’en dit-il pas long sur la perte du sens des mots, de l’impact qu’ils peuvent avoir et du mal qu’ils peuvent faire ? Après cela, pas étonnant qu’il ne reste plus, pour s’affirmer, que la castagne…
Cela n’empêche pas, cependant, cette même jeunesse de n’avoir que le mot de respect à la bouche, comme si elle sentait que c’est le seul horizon possible de toute vie sociale. Respect des enseignants ou des adultes en général à l’égard de cette jeunesse en mal de repères : respect à l’école, à la maison, en boîte, dans tout l’espace qu’il soit public ou privé….
Mais ce mot de respect n’est-il pas ambigu ? Ainsi, tenir quelqu’un en respect, ce n’est pas nécessairement avoir de la considération pour lui… mais plutôt le tenir à distance, parce qu’il constitue une menace. Aussi de quel respect parle-t-on ?


Pour Kant par exemple ce qui fonde le respect que nous devons avoir les uns à l’égard des autres, c’est la personne humaine que chaque être raisonnable représente comme porteur de la loi morale :
«Le respect s’applique toujours uniquement aux personnes, jamais aux choses. Les choses peuvent exciter en nous de l’inclination et même de l’amour ; si ce sont des animaux (par exemple des chevaux, des chiens, etc.), ou aussi de la crainte, comme la mer, un volcan, une bête féroce, mais jamais de respect. Une chose qui se rapproche beaucoup de ce sentiment., c’est l’admiration et l’admiration comme affection, c’est-à-dire l’étonnement, peut aussi s’appliquer aux choses, aux montagnes qui se perdent dans les nues, à la grandeur, à la multitude et à l’éloignement des corps célestes, à la force et à l’agilité de certains animaux, etc.
Mais tout cela n’est point du respect. Un homme peut être aussi pour moi un objet d’amour, de crainte ou d’une admiration qui peut même aller jusqu’à l’étonnement et cependant n’être pas pour cela un objet de respect. Son humeur badine, son courage et sa force, la puissance qu’il a d’après son rang parmi ses semblables, peuvent m’inspirer des sentiments de ce genre, mais il manque toujours encore le respect intérieur à son égard. Fontenelle dit : « Devant un grand seigneur, je m’incline, mais mon esprit ne s’incline pas. » Je puis ajouter : devant un homme de condition inférieure, roturière et commune, en qui je perçois une droiture de caractère portée à un degré que je ne me reconnais pas à moi-même, mon esprit s’incline, que je le veuille ou non, et si haut que j’élève la tête pour ne pas lui laisser oublier ma supériorité»
KANT Critique de la raison pratique








